La Marche en Bourbonnais

Présentation de la SCI familiale du "Domaine de La Marche en Bourbonnais"

par Jean-Pierre PETIT, Gérant

C'est en 1902 que mon arrière grand-père, Joseph PETIT, alors âgé de 53 ans, (Charroux 1849 - Charroux 1927), époux de Marie BARDIN, (Jenzat 1856 - Charroux 1940) acquit le domaine de La Marche, à Charroux, de l'héritière des acheteurs de biens nationaux (Vve Marie Berthe ROUGON et sa fille, Marie, Antoinette, Berthe Éva BOIROT). Cette acquisition fut portée au nom de leur fils, mon grand-père, Auguste PETIT, alors âgé de 24 ans, (1876-1960), époux de Marguerite Jeanne MÉCHIN (1887/1965). Ils agrandirent la surface de ce domaine et modernisèrent les restes des bâtiments dévolus à l'exploitation agricole, depuis leur mise à sac par les troupes protestantes en 1568, la saisie révolutionnaire, et leur vente comme bien national en 1793, puis soumis au statut du fermage, peu avantageux à une mise en ordre des restes monumentaux historiques.

Passe à leur fils unique,

mon père, le docteur Jean, Baptiste PETIT* (Charroux 1909 - Montmarault 1962), époux de Madeleine, Anne-Marie Trapenard (Bellenaves 1916 - Charroux 2012). Son décès accidentel, à l'âge de 53 ans, fit passer le domaine de La Marche à sa Veuve, qui, par acte authentique de donation, en date du 7 novembre 2001, passe à son fils, Jean-Pierre PETIT, alors âgé de 56 ans, (Montmarault 1945), époux de Solange, Gisèle, Marie DEPRESLE (Montmarault 1949), la partie la plus imposante des bâtiments anciens et une surface de cinq hectares.

(*) c'est lui qui le premier de la famille, (alors jeune médecin installé à Montmarault), s’intéressa activement (vers 1935), à l'aspect historique et architectural de ces glorieux restes monumentaux.

Jean-Pierre PETIT augmenta de dix hectares cet ensemble patrimonial, et lui donna le statut juridique de Société civile immobilière, à la date du 31 octobre 2004. Par donation, il fit entrer dans ce qui devint la SCI du Domaine de La Marche-en-Bourbonnais (LMB), ses quatre enfants, ses quatre neveux Imbaud-Petit, et ses trois petit-enfants Cassier-Petit.

L'objectif fixé est la restauration des bâtiments anciens de cette Préceptorie Templière du XII° siècle, (preceptorum domorum milicie Templi), devenue en 1312, après la chute de l'Ordre des pauvres chevaliers du Christ (les fameux " Miles Christi "), Commanderie de l'Ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Jérusalem, communément dénommé ordre de Malte... jusqu'à la Révolution française. En 1734, les revenus de La Marche s'élevaient à 8.880 livres.

Les révolutionnaires français, en 1791, confisquèrent la commanderie au bénéfice de "La Nation" et la mirent aux enchères en 1793. Les bâtiments sept fois centenaires ne furent désormais exploités qu'à la seule fin agricole pendant les deux siècles suivants, jusqu'en 2005.

Antérieurement, les bâtiments subirent, en 1568, les affres des guerres dites "de religion" initiées par les protestants, qui mirent la commanderie, à feu et à sang après un terrible et désatreux bombardement. Plus récemment, les menées révolutionnaires françaises, de 1789 à 1792 n'arrangèrent pas les choses.

C'est paradoxalement la vente de 1793 qui "sauva" d'une disparition prévisible les restes des bâtiments d'origine, en trouvant un rôle économique aussi modeste qu'agricole, ce qui obligea du moins leur simple entretien, en dépit de modifications souvent malheureuses (percement d'ouvertures, destruction de chapiteaux sculptés, constructions de bâtiments parasites, établissement d'une porcherie dans les restes de l'église pour partie et pour autre partie de bergerie… Le réfectoire des moines devint celui des vaches et la grande “salle des gardes“ à l'étage, des fenaux. La “chapelle du commandeur” ainsi dénommée d'ancienne tradition orale servait de cellier et de stockage de pommes de terre, et le cloître, agrandi d'une adjonction parasitaire d'habitation des exploitants successifs jusqu’en 1992, date à laquelle les bâtiments furent laissés à l’abandon jusqu’en 2005.

Le premier vestige mobilier remarquable est un couvercle de sarcophage, en andésite d'Auvergne, découvert fortuitement en 2005 à l'occasion d'un passage de canalisation d'eau, elle était enterrée de cinquante centimètres de terre, face l'entrée de la dite chapelle du commandeur, face contre terre, position typiquement révolutionnaire. Il mesure 1,96 m de long, 0,82 m de large et 0,33 m d'épaisseur maximale, et pèse environ 500 kg. Le sarcophage qu'il recouvrait n'a pas été retrouvé. Il contenait la dépouille d'un précepteur Templier dénommé Ademarus de Cros, dont le nom et l'épitaphe sont gravés sur la pierre (sa description a été publiée sous la plume de Jacques Corrocher, de Vichy en 2006 dans le n°197 des Cahiers Bourbonnais, pp 69-71. Cette famille de CROS (ou de CROC) donna deux évêques à Clermont d'Auvergne : Aimar de Croc (ou de Cros),1286-1297 et Pierre de Croc (ou de Cros) 1302-1304. Jacques Corrocher développe ses recherches sur cette famille.

Le second vestige mobilier remarquable est une monnaie d'argent, d'un poids de 1,845 g et d'un module de 23 mm (trouvée au sol le jour même par M. Gilbert Petit, frère du gérant-fondateur); elle présente sur ses deux faces un double grènetis, avec, au droit, une grande couronne dans le champ débordant sur la légende :

X R : Ih'R : ET : SICIL' : REX [Robertus rex Hierosolymae et Siciliae], sous le règne de Robert d'Anjou (de 1309 à 1343), petit neveu du roi Saint-Louis.

La " Salle des gardes " (ou Capitulaire) à trois travées d'ogives gothiques est intacte à 80%, comme le réfectoire des moines-soldats (situé juste au dessous), devenu écurie des vaches sont en cours de nettoyage et de remise en ordre comme l'ensemble des autres restes des bâtiments.

Une " galerie de cloître à huit arches" -aujourd'hui murées- (dont cinq appartiennent à la Sci) sont intactes à 90%. Au dessus de celui-ci se trouvait le dortoir.

Ainsi, malgré l'abandon ancien et l'aspect vétuste actuel, écrivait M. Raymond Symphorien d'Azemar en 1994, dans son ouvrage "LA RIVE GAUCHE DE LA SIOULE, de Charroux à Saint-Pourçain sur Sioule", l'examen archéologique et architectural des restes des bâtiments permet encore de déceler ce que fut l'importance et la richesse de l'ancienne Commanderie de La Marche, bâtie dans le pur style gothique de la fin du XIIème et du début du XIIIème siècle.

Depuis l'acquisition de Joseph PETIT, en 1902, ce sont les cinquième et sixième générations de sa descendance qui s'emploient à la sauvegarde et à la mise en état des bâtiments et alentours, dans le but de redonner à ces lieux un peu de leur noblesse perdue, et d’en donner l’accés au plus large public.

Tout sera possible s'ils restent unis, courageux, inventifs, et surtout généreux, caractéristiques principales de leur race.


Jean-Pierre PETIT, 17 décembre 2007.